photo : gracieuseté
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L’agricultrice maricourtoise Jocelyne Ravenelle a parcouru la Tunisie du 8 au 22 février dernier. Elle y effectuait une mission organisée par l’UPA Développement international. L’objectif : partager son savoir-faire avec des femmes qui travaillent dans le secteur de la transformation agroalimentaire.

«Je suis partie là-bas avec Michèle Laberge, de Mont-Saint-Grégoire, représentante des agricultrices sur le CA de l’UPA en Montérégie, avec laquelle je suis amie depuis 50 ans. Nous allions partager avec les Tunisiennes notre cheminement en tant que femmes d’affaires. On parlait aussi des impacts des changements climatiques, autant pour nous au Québec que pour elles en Tunisie», explique Jocelyne Ravenelle.

Les deux femmes ont fait des présentations à Siliana, Jendouba et Kairouan, dans le nord de la Tunisie.

Partager son parcours d’agricultrice et femmes d’affaires

Celle qui fut propriétaire pendant de nombreuses années de l’entreprise Canard du Village, située à Saint-Pie, en Montérégie, en avait beaucoup à raconter aux participantes sur son parcours en agriculture.

«J’ai parlé de mes origines agricoles et du fait que j’étais la quatrième génération à exploiter la ferme familiale. J’ai partagé comment j’en suis venu à devenir une femme d’affaires qui a gagné sa vie comme agricultrice. Je leur ai aussi expliqué que c’est désormais mon fils qui a pris la relève de l’entreprise. À la fin d’une présentation, le traducteur a dit : «Votre histoire est digne d’un success story». Ça m’a bien fait rire!»

Les Tunisiennes rencontrées par Jocelyne Ravenelle et Michèle Laberge étaient en majorité des transformatrices de produits agricoles : miel, huiles essentielles, mélasse de pomme grenade, curcuma, paprika, etc.

Michèle Laberge et Jocelyne Ravenelle, en marge d’une des rencontres avec des Tunisiennes.  (photo : gracieuseté)

«Elles ne prennent pas la parole comme nous»

Bien que le français soit parlé à certains endroits en Tunisie, ce n’était pas le cas des régions visitées par Jocelyne Ravenelle. «Nous étions dans de petits villages reculés, où les femmes ne parlent pas très bien français. Ce qui fait que nos présentations devaient être traduites en arabe.»

La Maricourtoise se dit surprise par certaines différences culturelles.

«Les femmes de là-bas ne prennent pas la parole comme nous. Pour elles, d’entendre deux femmes parler avec enthousiasme de leur parcours, c’est énorme. Nous étions là pour leur donner de la confiance, de la motivation et qu’elles prennent leur place, en tant que femmes.»

«Soyez fières de vos produits!»

Jocelyne Ravenelle, qui a entre autres vendu par le passé ses produits au Marché champêtre de Melbourne, partageait avec plaisir ses trucs du métier aux Tunisiennes. «Elles sont gênées de regarder la personne en face d’elles. Je leur ai dit : vous êtes les meilleures pour connaître ce que vous offrez. Soyez fières de vos produits!»

Visiter des ruines romaines

L’agricultrice apprécie le fait qu’une telle mission lui permet de rencontrer les gens et de visiter un pays de façon bien différente que si elle était une touriste. Ce qui lui ouvre la possibilité de vivre des expériences uniques. «Une des participantes, qui était déjà venue au Québec [dans le cadre du programme d’échange «Viens marcher ma terre»], nous a accueilli chez elle dans sa maison. Nous avons été reçues en grand! Elle nous a aussi fait visiter des ruines romaines qui font partie du patrimoine mondial de l’UNESCO

Jocelyne Ravenelle et Michèle Laberge ont parcouru la Tunisie  pour une mission organisée par l’UPA Développement international. On les voit ici prendre le thé, gracieusement offert par des agricultrices tunisiennes lors de la visite d’un champ de pois.  (photo : gracieuseté)

À Maricourt, une terre qui a besoin de drainage

Des discussions sur les impacts des changements climatiques faisaient partie des échanges lors de ce voyage. Jocelyne Ravenelle confie qu’elle en constate les impacts depuis qu’elle a déménagé avec son conjoint à Maricourt, en 2019. «Nous nous sommes installés sur une terre presque en friche. Nous voulions conserver sa valeur et la rendre cultivable. En tant qu’agricultrice, j’y voyais son potentiel agricole. En 2023, les pluies abondantes ont gorgé d’eau le bas des prairies. Les tracteurs n’arrivaient plus à cultiver. J’ai donc investi pour installer des drains.»

«Les deux pieds dans les changements climatiques»

Alors que l’Estrie connait certains étés avec des surplus d’eau, Jocelyne Ravenelle a été témoin d’une situation à l’opposé en Tunisie.

«Ils ont les deux pieds dans les impacts des changements climatiques. C’est fou, la sécheresse qu’ils subissent là-bas. Cette saison-ci, ils ont eu de l’eau. Mais ça faisait cinq ans qu’il y en avait moins. Ça engendre beaucoup de feux. J’ai par exemple visité un champ d’abricot où tous les arbres ont dû être coupés parce qu’ils avaient séché. Même les cactus qui produisent des figues de barbarie sont abimés. Ce sont des impacts majeurs. Mais les gens sont très résilients.»

Même les cactus sur lesquels on recueille les figues de barbarie subissent les impacts de la sécheresse en Tunisie, mentionne Jocelyne Ravenelle.  (photo : Wikipedia)

«C’est très valorisant»

Ce voyage de coopération internationale était le troisième de Jocelyne Ravenelle. Ses deux premières missions, en 2020 et 2023, s’étaient déroulés au Sénégal. Elle dit vouloir continuer à participer à d’autres missions dans le futur.

«Ces séjours sont très valorisants. Je peux constater comment partager mon vécu et mon cheminement peut aider d’autres personnes. Ça crée des contacts avec les gens de la place et ça fait toute la différence.»

Jocelyne Ravenelle lors d’un de ses voyages de coopération au Sénégal.  (photo : Hélène Raymond)

Conférence à Maricourt en avril

Jocelyne Ravenelle présentera au public de la région son récit de voyage lors d’un 5 à 7 organisé au Centre communautaire de Maricourt le vendredi 4 avril prochain. Cette activité marquera la première d’une série de soirées thématiques offertes au cours des prochains mois par la municipalité.

 

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